Page:Mercure de France - 1891 - tome 3.djvu/321

Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
NOVEMBRE 1891

du Consulat Général de France, âgé de 36 ans, et de Célestine-Jacquette Davezac, son épouse, âgée de 24 ans.

« Dressé par M. Denoix, gérant dudit Consulat Général de France, sur la présentation de l’enfant et la déclaration faite par le père susnommé, en présence de MM. Eugène Baudry et Pierre Lafarge, commerçants français, demeurant à Montevideo. »

Isidore Ducasse, qui signa comte de Lautréamont ses Chants de Maldoror était donc de quelques années plus âgé que ne l’a dit M. Genonceaux dans sa Notice — sur la foi d’un renseignement d’ailleurs fourni par un oncle de Ducasse.


Séparateur


Échos divers et communications




On annonce la mort du poète portugais Anthero de Quental, né aux Açores en 1842. Il y a quelques beaux vers, d’une inspiration suffisamment sinistre, du romantisme sombre sans aucun sourire, dans son volume intitulé Os Sonetos completos (Porto 1886). Très connus étaient ses Captifs, où l’humanité est symbolisée par des prisonniers qui regardent l’espace à travers les barreaux de leur cage et auxquels, interrogés, les oiseaux de passage, le vent, les étoiles répondent : « Où nous allons, nous ne savons pas. — Qu’y a-t-il au-delà ? Rien, la mort, l’obscurité, l’abîme, le néant… »

A noite, a escuridao, o abysmo, o nada. En le sonnet Altas horas da noite, il voit la vie ainsi : « Rien, le fond d’un puits, humide et morne, un mur de silence, la ténèbre autour et au loin la promenade sépulcrale de la mort… »

Nada ! o fundo d’um poço humido e morno,
Um muro de silencio e treva em torno
E ao longe os passos sepultaes da Morte.

Ayant descendu pas à pas l’escalier étroit du palais de l’Illusion…

Do palacio encantado da Illusâo
Descri a passo e passo a escada estreita…

…Il se suicida.

R. G.


De Camille de Sainte-Croix, dans la Bataille Littéraire du 6 octobre :

« Pour des raisons très spéciales mais que nous ne pouvons qu’approuver, la publication des Valentines de Germain Nouveau est ajournée.

« Compensons cette nouvelle mauvaise par une autre, excellente.

« Nous avons reçu, de la main même de notre ami et maître, une charmante lettre très nette, très sensée et qui nous donne toute confiance en sa guérison prochaine. »