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94 MERCVRE DE FRANCE

Comme sous un souffle de flamme S’exaltent mes désirs virils Qu’importe les futurs périls Une fleur a fleuri mon âme !	Des Messagers clairs sont venus .Qui m’ont dit  Tu ceindra  Je glaive. Et tu chevaucheras sans trêve,  A travers les vaux inconnus, Jusqu’à la Citadelle haute. Dont les créneaux crèvent les cieux.

O Roi va donc, insoucieux. Le Palais vide attend son hôtel Et j’irai, le premier de tous opérer l’épique escalade, méprisant la vaine peuplade Des tristes railleurs et des fous .Je serai le prêtre des prêtres de l’unique Divinité, Vers qui de toute Eternité monte la prière des etres. Spoliateur essentiel. Mon règne n’aura point d’automne Car je tresserai ma couronne de fleurons dérobés au Ciel .Ayant chanté cela très gravement, le Roi Caresse la crinière de son palefroi,Puis abaissant d’un geste qui salue son épée à la gloire à jamais dévolue, tandis que douze héros d’or Sonnent du cor et que clame la populace.il part au galop, l'elu du destin, et l’éclair bleu de sa cuirasse brille longtemps par le chemin.

Sur la plus haute des tourelles,la Princesse enfantine qui l’aima d’amour, Regarda l’occident jusqu’à la fin du jour Et puis mourut parmi l’essor des tourterelles !