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FÉVRIÈR 1891


— Vous saisissez maintenant là finasseriedn bonhomme pour me vendre directement son lièvre ? Car c’est le coup de fusil que nous avons entendu ! Oh, il est adroit, le vieux renard ! Mais, n’est-ce-pas que c’est piquant : moi le complice d’un braconnier ? Les paysans gagnaient la lisière sud du bois, où ils avaient disposé une douzaine de collets. Ils allaient grands pas lents Poule aux écoutes, évitant les feuilles mortes qui bruissaient sous le pied et battant à sa moindre alerte Le père se félicitait de la bonite Journée. Il avait noué , la pièce d’argent dans une corne de son mouchoir et de temps à autre il la tâtait à travers l’étoffe de son pantalon, ou même la palpait dans sa poche. Un peu avant d’atteindre le bord du bois, il avança seul. Se baissant, recroquevillé, avec prudence, il regarda le long des arbres en rive, a droite, à gauche. puis sonda la plaine. Personne. Mais, à vingt pas, deux perdrix s’élevèrent du gueret. Il tira trop vite fit chou blanc. Il eut un clappeinent de langue dépité :

 Ça, c’est pas fort. je suis  restèrent sous bois pour visiter leurs engins, semés en bordure parmi les herbes et le fouillis des ronces.Autour d’un collet s’éparpillaient des touffes dé poils et des crottes. Firmin s'exclamà :	 garce ! Je suiss voilés ! C’est au moins le Maillard !Le vieux opina qu’en effet .ce devait être Maillard ouï un autre braconnier, car un garde ou un passant eût emporté 

le collet avec le lapin, et le mince nœud coulant delaiton avait été retendu par une main exercée ils achetèrent sans succès leur inspection. Firmin alors proposa :

Si  j'allions au Trou ? Trou.. le Trou.. C’est core loin d’ici. Pis c’est

ben près de Campoint.Il se décida quand même dans le vivant silence des bois, ils marchaient sans parole, constamment aux aguets. Des brindilles mortes s’écrasaient sous leurs pieds crépitaient faiblement, on cassaient avec un sec clac et là-haut, dans les cimes dégarnies les branchettes cliquetaient sous le vent d'un bruit éloigné, indéfinissable, ils s’arrêtèrent, la respiration suspendue. Birette appliqua son oreille au soleil se releva presque aussitôt. C’est rien une carriole su la route.Cependant, au fur et à mesure, le terrain s’abaissait en une pente assez roide, le bois était plus touffu, plus dif¬