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FÉVRIER 1891 -81 PAUL VERLAINE

A Eugềne Carriere

En mi-chemin de cesire nosire Me retrouvai en une selve obscure Car droite voie une estoit esmarrie. Ah, teste selve, dire m’ai chose dure Comme elle etait sauvage et espere Si que mon coeur encore ne s’assure. Tant est amer que peu est plus la mer. Damte :(L’Enfer traduit par-LiT.)



Le Poëte au penchant de sa destinée S’arrête et contemple l’avenir obscur : Déjà le soir de sa mourante journée Monte parmi la vieillesse de l’arur.


Comme Dante a-t-il quitté la bonne voie Celui qui mieux que tous connut le secret Des hymnes splendides d’amour et de joie Comme Dante perdu dans l’âpre Forêt ?

C’est à peine si la mort est plus amère Que cette Forêt d’épouvante et de nuit Qu’emplit sanglot de la chère chimère D’autrefois,fantôme déçu qui s’enfuit. Ah, que les routes claires se sont éteintes Depuis que dans l’aube on partit pour la-bas . Oh brillait au sommet des montagnes saintes Une Rose en prix de glorieux combats !