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FéVRIER 1891

F. A. — On n’a pas de goût à son âge . Mme V. — Elle m’intéresse, moi, cette petite Je voudrais faire son éducation, et je la défendrais contre vous . même Voyons, aime-t-elle les jolies choses? F. A, — Oui, quand elles sont bien chères F. A — Assisterez-vous à mon mariage ? Mme V — Suis-je invitée ? F. A — Certainement; Mœo V. — J’irai.F. A — Vous n’avez paspeur de trop souffrir ? Mme V — Rien ne gronde dans mon cœur. Quand je me suis donnée à vous, ne savais-je pas qu’il me faudrait un jour nie reprendre ? Mais le décrochage a’ été pénible. Nous n’en finissions plus Nos deux âmes tenaient bien.F. A — C’est vrai. L’affaire a un peu traîné en longueur. Mme V - Si jê ne me sentais pas toutà fait détachée de vous, je couperais à l’instant, sans pitié, les dernières ficelles. F. A — Et plus tard, après le mariage, viendrez-vous us voir ? Je vous présenterais comme une amie, une parente même,Mme V- Ou une institutrice pour les enfants à naître. F . A — Je me garde de plaisanter. Chez moi, vous serez chez vous, Votre couvert séra toujours mis? Mme V. — Et ma place dans votre lit toujours bassinéé. F. A. — Pauvre amie, tu souffres Mm V. — Pas du tout. Mais vous m’agacez avec votre système de compensations.F. A —Ne parlons donc point du présent, parlons du passé — qui a passé si vite, Mme V. - Comme vous êtes nature ! Une belle fille, une fortuné vous attendent. Vous voilà casé : Vous croyez me devoir, en dommages et intérêts, quelque pitié Il vous plairait d’être sentimental un quart d’heure au moins Vous vous dites : Puisqu’on me prépare un bon dîner, je vais regarder mélancoliquement ce coucher de soleil. F. A. — Alors, parlons de votre avenir Que ferez-vous ? Mme V.— Je veux être sérieuse.F A. — Vous l’êtes déjà et du bout des doigts vous.