bâillent en attendant qu’elles l’ouvrent toute large.Ce sont les pécheresses des mauvais conseils du songe, elles se chatouillent de curiosité libertine et se mûrissent par les concupiscences.Les plus neuves jouent à la poupée avec le Mal jusqu’au jour où le joujou devient entre leurs genoux le manche à balai sur lequel ces diligentes sorcières chevaucheront vers les sabbats. Car inévitablement elles sont dévolues aux sciences de perdition, les naïves aussi bien que les rouées et le rêve n’est pour elles que le stage des expériences décisives. Mais par le rêve elles ont déjà tout vu,elles savent à l’avance tout ce que peut suggérer le rêve et plus tard, elles tâcheront de mettre leur rêve en pratique.
Rien ne ressemble moins aux terribles ensorcelées de ce faiseur d’âmes sataniques et qui du même geste de plume dont il les vouait à l enfer avait l’air de les exorciser, je veux dire Barbey d’Aurevilly et toutefois elles sont de la famille,elles y accèdent en qualité de cadettes et de pupilles. L’auteur des diaboliques ce Custode des ordres de l’Impénitence eût tiré de son trousseau la grande clef d’or pour leur ouvrir le guichet de ses monastères comme à de mignonnes nomains d’élection qu’il se fût chargé de former pour les sataniques épousailles. Mais je crois bien que leur mère spirituelle lui eût agréé encore plus.Cette déconcertante Rachilde qui, toute jeune fille, débutait par des livres tôrsés avec les plus purs fils diaboliques, cette novice des cloîtres de la perversité qui tout de suite se révélait professe, cette Agnès doublée d’une princesse de Décaméron l’eût paternellement délecté comme une fille de son cerveau. Ingénue et perverse à l’égal des énigmatiques vierges de ses romans, avec des neiges d’âme teintées d’écarlate à de soudaines réverbérations d’en dessous, il semble par moment qu’elle soit l’une des jeûnes filles qu’elle osa dévoiler, ignorante de ce qu’elle ne pouvait savoir mais bien plus savante déjà en cette ignorance .