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JANVIER 1893

dans des régions de mort et d’épouvante. A côté de cet effrayant symbole mâle de la Haine et de la désespérance, elle n’apparaît que comme une démone diminutive vouée aux oeuvres malignes brassant les chaudrons des curiosités réprouvée mais du bout des doigts jetant sur les feux où elle active ses cuisines une pincée de poudre rose qui en mitige les fulgurations écarlates. Ou plutôt, c’est une petite bonne des chapelles du Mal, une nonne du temps de ces abbesses qui, à travers les enluminures de leur psautier, regardaient complaisamment tire bouchonner les cornes du Diable, une nonne qui,sous les bribes des béguins qu’elle n’a pas tout à fait jetés par-dessus les moutiers eût pour toutes les Sainte Inquisition terriblement senti le roussi.Et peut-être ce joli écrivain du mauvais Savoir qu’est la petite nonne (on peut sans témérité le supposer) eût été mené devant le crucifix dans les souterraines gehennes et là ce même crucifix, on le lui eût mis chauffé à blanc dans ses mains noires du péché d’écriture.ces mains qui en écrivant osèrent toucher aux emblèmes détestés et remuer les fatalités de l’originelle déchéance. (N’a-t-elle pas dit un jour les mains,les vierges petites mains, toutes les mains des pâles jeunes filles, en un court poème de prose aux senteurs libertines, aux muscs de sexe et d’officine parfumant le geste de la perdition qui ensuite s’efface et n’est plus que le rythme chaste des petites mains redevenues des mains de bonne innocence ?) Ah!ellé connaît les mystères elle sait les gestes et les paroles, elle est bien la nonne des sacristies où le grand diable catholique, le pourpre grandqueux des cantines du Mal, se transfigure pour être adoré en l’aimable sourire et les touffes roses aux joues d’un petit page des caresses et du baiser, d’un chérubin aux bouts d’ailes légèrement apparents sous le pourpoint d’une revivance du vieil amour des mythologies et qui à lui seul serait tous les amours. Eh non ! ce n’est plus rien du Satanisme litur¬