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Vers à ma Maîtreſſe, ſur l’envoi de ſon portrait.


Un diſciple d’Apelle envoyé par les Dieux,
À donc doublé ton image charmante ?
Rival de la nature, il remet ſous mes yeux
RiLes traits chéris : de ma fidelle amante,
RiEt je vois reſpirer ſur la toile vivante
RivalL’objet de mes plus tendres feux !
RivalC’eſt là ton ſouris gracieux
RivalEt cette forme intéreſſante,
RivalDont le contour voluptueux
RivalAnime le cœur & l’enchante ;
C’eſt auſſi ce regard toujours victorieux
RivalOù brille de ton âme aimante
RivalLe ton ſenſible & généreux.
RiJe reconnois cette bouche touchante
RiQui tant de fois ſur ma bouche brûlante
RiPrit & reçut ces baiſers amoureux,
Dont le deſir ſe nourrit & s’augmente.
RiÔ ma Julie ! un art ſi précieux
RiFixe le temps, il rapproche les lieux :
Son preſtige enchanteur imitant ta préſence,
Adoucit les tourmens d’un amour malheureux ;
Mais de cet art divin quelque ſoit l’excellence,
Sois ſûre que mon cœur te peint encor bien mieux !