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FEVRIER 1766
Épître à M. Mugenot.

Toi, dont le cœur généreux & ſincère
De l’artifice ignore les détours,
Cher Mugnerot, que j’aimerai toujours
Fidèle ami, dont l’amitié m’eſt chère,
Et le ſera juſqu’au dernier ſoupir ;
Reçois ces vers, enfans de mon loiſir,
Que le caprice aujourd’hui m’a fait faire.

Envie aurois de voyager un peu,
Et cependant ſans ſortir de ma place ;
Car j’aime mieux être auprès de mon feu
Qu’aller courir à travers neige & glace.
Où donc aller ?… Où, mon cher ! au Parnaſſe.
Oui, quelque ſort qui m’attende en ce lieu,
Tout en eſt dit, je m’en fais une fête ;
J’y veux aller, & la voiture eſt prête :
Voiture ailée, &, le meilleur du jeu,
Ne coûtant rien ; voiture honnête & ſûre,
Et, qui plus eſt, conduite par un Dieu.
Tu la connois, mon cher, cette voiture ;
Ce ſont les traits dont ton léger pinceau,
Par un détour délicat & nouveau,
Nous a dépeint depuis peu[1] le Mercure.

  1. Voyez le Mescure d’Octobre 1765 premier vol.