Excuſe ſi l’eſprit orne peu mes concerts :
Jamais le ſentiment avec art ne s’exprime.
Incapable du ſoin qu’exigent les beaux vers,
La douleur qui ſe tait eſt la ſeule ſublime[1].
Lorsque d’Iphigénie achevant le tableau,
Ce Peintre ingénieux, le premier de la Grèce,
De tous les ſpectateurs qu’animoit ion pinceau,
Eut peint diverſement la diverſe triſteſſe ;
Comme ſi sur la toile aucun trait de crayon
Ne pouvoit exprimer accablement d’un père,
Timanthe, épuiſant l’art, couvrit Agamemnon
D’un voile plus frappant qu’un autre caractère.
Ah ! du moins en mourant, emporte la douceur
De ſavoir que ta mort, déplorable & fatale,
Eſt pour nous en ce jour, éclairé par l’horreur,
Une calamité publique & gépérale.
Les yeux baignés de pleurs, & le cœur attriſté,
Vois au pieds des autels la vieilleſſe & l’enfance,
Encore après ta mort demander ta ſanté,
Tâchant au Ciel pour toi de faire violence.
Entends la voix plaintive & les lugubres cris,
Dont partout à l’envi les temples retentiſſent.
- ↑ Curæ leves loquuntur, ingentes ſtupent. Senec. in Hipp. acte 2 ſcèn. 3.