Dont le triſte bonheur fut d’ouvrir des tombeaux,
Quel fut après ſa mort le terrible Alexandre ?
Quand chaque âge bénit les Princes de ton ſang,
Qui n’ont point, quoique Rois, méconnu la nature,
Alexandre n’eſt plus qu’un illuſtre brigand[1],
Et le nom de Néron, paſſe pour une injure.
Le courage n’eſt point à livrer des combats,
Où l’orgueil eſt conduit par l’attrait de la gloire :
Cette yvreſſe à l’eſprit dérobe le trépas,
Qui s’éclipe à l’éclat dont brille la victoire.
Mais quand la mort cruelle, une faulx à la main,
Portant autour d’un lit ſon appareil funèbre,
On la voit, comme toi, d’un œil fixe & ſerein[2],
C’eſt-là de la valeur l’effort le plus célèbre.
Si des peuples jaloux, ou des Rois prévenus,
D’un règne floriſſant enviant l’harmonie,
- ↑ C’eſt le reproche que lui fit un pirate. Alexandre lui ayant demandé quel droit il croyoit avoir d’infeſter les mers, le même que toi, lui répondit-il avec, autant d’énergie que de liberté, d’infeſter l’univers : mais parce que je le fais avec un petit vaiſſeau on m’appelle brigand ; & parce que tu le fais avec une grande flotte, on te donne le nom de conquérant. Cicér.
Un Ambaſſadeur des Scythes lui tint à peu prés le même langage ; Tu te vantes, lui dit-il, de venir pour exterminer les voleurs, mais toi même le plus grand voleur de la terre. Quint, Curt.
- ↑ Spiritu magno vidit ultima Ecc. 48.