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prits eſt encore plus forte qu’on n’auroit oſé l’eſpérer. Le flambeau des Arts preſque éteint ſe rallume ; la rouille qui couvroit l’eſprit des Peuples commence à tomber. Les différentes branches du corps de la Littérature, en ſe réuniſſant, prennent une nouvelle vigueur ; & comme la terre oiſive & pareſſeuſe, attend pour produire qu’elle ſoit remuée ; comme le caillou froid & immobile ne devient une ſource de lumière qu’autant qu’il eſt heurté ; les Sciences cultivées jettent de toute part des étincelles plus vives & plus fréquentes ; la lumière ſe répand dans tous les États. Semblables à ces fleuves célébres, qui par leurs cours officieux ne ceſſent jamais d’arroſer, d’engraiſſer & d’enrichir les Provinces, en portant partout avec la fertilité une heureuſe abondance, il ſe fait une circulation de goût de Littérature de la Capitale aux Provinces ; la pureté du langage fait couler inſenſiblement dans les eſprits la délicateſſe du ſentiment ; les cœurs ſe réuniſſent à proportion que les penſées ſe communiquent ; des hommes illuſtres en tout genre de Littérature ſe multiplient ; les Sophocles, les Démoſthènes, les Cicérons, les Thucydides, les Xénophons, les Polybes reparoiſſent au milieu de nous, & forment pour la gloire