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ſouvent arrêtée par la crainte de ne pas le faire impunément (car telle eſt la fin pour laquelle elles ſont établies.) Mais hors de là que produiſent-elles, que plus de circonſpection dans le crime, plus d’eſpoir dans les actions ? elles empêchent les hommes d’être des réfractaires publics ; mais elles n’en font point d’excellens citoyens : ces eſclaves ſubjugués mordent en frémiſſant les liens qu’ils n’ont pas la force de rompre ; toute leur attention conſiſte à ſe dérober aux yeux du Public, ſans en être moins diſpoſés à ſe porter aux ſcènes les plus ſanglantes, & les plus tragiques, lorſqu’ils peuvent prendre des meſures aſſez juſtes, pour n’avoir rien à craindre de la part des hommes. On doit tout appréhender d’un homme qui dévore ſon chagrin dans le ſecret. Le feu mal éteint produit toujours des ſuites funeſtes : La nue ſombre qui renferme de noires vapeurs dans ſon ſein, vomit bientôt des foudres & des tonnerres. L’autorité des Loix en un mot arrête la main, mais elle ne change pas le cœur ; & la paix n’eſt aſſurée que lorſque le cœur eſt déſarmé.

Pour changer le cœur de nos Gladiateurs, il falloit des reſſorts qui fuſſent en état d’agir éfficacement ſur leur volonté ; il falloit réformer leur façon de penſer,