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À Mlle***, ſur ſon mariage avec M***.


UN plaiſant[1] de nos jours, criant à la merveille,
Peut-être, aimable Iris, vous chatoüilla l’oreille,
Quand ſur un vain prodige, éclos de ſon cerveau,
Il prédit au beau ſéxe un empire nouveau.
Mainte épouſe, comptant ſur ſa grandeur prochaine,
En devint tout-à-coup plus aigre & plus hautaine ;
Et telle[2] en ſon orgueil, à ſes ſuprêmes loix
Crut ſoumettre dans peu les bergers & les Rois.
De ce Prophéte, hélas ! l’ingénieux délire
Nous traçoit de nos mœurs la plus fine ſatyre ;
Mais le jour annoncé pour ce fameux revers
N’a point troublé chez nous l’ordre de l’univers.
Conſolez-vous, Iris, Dieu, pour vous favorable,
Voulant vous aſſûrer un regne plus durable,
Sur vous de ſa puiſſance étala les effets,
Sur vous à pleines mains répandit ſes bienfaits.
Oui, vous tenez de lui cette rare ſageſſe,
Qui ſeule eût d’un amant mérité la tendreſſe ;

  1. L’Auteur badin de l’Année merveilleuſe, qui nous annonçoit l’Eté dernier, que les femmes métamorphoſées en hommes, alloient dominer de droit ſur les hommes amollis, devenus femmes.
  2. Telle Princeſſe, telle Reine.