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Ibrahim.

Vous n’attendrez pas long-tems, Madame.



Scène II

Ibrahim, Mahomet, Roxane


Mahomet.

C’est Irene que vous quittez, Ibrahim ?

Ibrahim.

Oüi, Seigneur, elle ſçait que vous l’aimez, & m’a paru l’apprendre ſans colère ; je ne dis pas que ſon cœur ſe promette encore au vôtre, mais elle eſt dans la douleur, elle eſt Chrétienne, elle gémit d’une infortune qu’elle doit à vos victoires, & cependant elle eſt tranquille au récit de votre amour. Je ne dis pas aſſé ; quand je lui ai fait eſpérer qu’on pouvait lui rendre ce pere et ce frere qu’elle regrette, ſa reconnoiſſance pour ce bienfait m’a ſurpris, on eût dit qu’elle étoit charmée d’y trouver un motif de ne vous plus haïr ; j’oublie tout, je lui pardonne tout, s’eſt-elle écriée dans le tranſport d’un cœur qui ſe réconciliait avec vous, & je me ſuis chargé de l’avertir quand elle pourroit les voir.

Mahomet.

Ne tardez donc pas, Ibrahim, allez lui