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vue, pour les plus nobles ; elle est, en apparence, le moyen de les exterminer, — car il reste les natures plus médiocres et moins nuisibles ! « Il faut étouffer cette doctrine et tuer Zarathoustra. »


64.

Hésitation des disciples. « Nous arriverons déjà à nous accommoder de cette doctrine, mais elle nous servira à détruire le grand nombre ! »

Zarathoustra se met à rire : « Vous devez être le marteau, je vous ai donné le marteau en main. »


65.

Je ne vous parle pas, comme je parlerais au peuple. Pour ceux-là la première chose est de se mépriser et de se détruire, la seconde de se mépriser et de se détruire les uns les autres !


66.

« Ma volonté de faire le bien me force à me taire tout à fait. Mais ma volonté du Surhumain m’ordonne de parler et de sacrifier même les amis. »

« Je veux façonner et transformer, vous et moi, autrement comment le supporterai-je ? »


67.

Histoire de l’homme supérieur. Le dressage de l’homme meilleur est infiniment plus douloureux. Démontrer l’idéal des sacrifices nécessaires chez Zarathoustra. L’abandon du pays natal, de la famille, de la patrie. Vivre sous le mépris de la moralité dominante. Supplice des expériences et des méprises. Abandon de toutes les jouissances qu’offrait l’ancien idéal (on leur trouve, sur la langue, soit une saveur hostile, soit une saveur étrangère).


68.

Qu’est-ce qui prêtait aux choses un sens, une valeur, une signification ? Le cœur créateur qui désirait et qui, dans son désir, s’est mis à créer. Il créa le plaisir et la peine. Il voulut aussi se rassasier de la peine. Il faut que nous prenions sur nous toute souffrance qui a jamais été soufferte, par les hommes et par les animaux, il faut que nous donnions à cette souf-