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c’est pourquoi elle fait partie pour ceux-là des « conditions d’existence ». On ne peut pas réfuter des conditions d’existence : on peut seulement… ne pas les posséder.


14.

S’il était vrai que la vie ne vaut pas d’être affirmée, l’homme moral abuserait de son prochain, précisément par son oubli de soi et par ses vertus secourables — et cela à son bénéfice personnel.


15.

« Aime ton prochain » — cela veut dire avant tout : « ne t’occupe pas de ton prochain ! » — Et c’est précisément ce côté de la vertu qui est le plus difficile.


16.

L’homme mauvais considéré comme un parasite. Dans la vie nous ne devons pas seulement être des jouisseurs : cela manque de noblesse.


17.

C’est le sentiment noble qui nous interdit de n’être que des jouisseurs de la vie. Ce sentiment se révolte contre toute espèce d’hédonisme. Nous devons nous acquitter de quelque chose en retour. — Mais la croyance fondamentale de la masse, c’est qu’il faut vivre pour rien, — c’est là sa vulgarité.


18.

Pour l’homme bas les évaluations contraires sont applicables : il importe de lui implanter les vertus. Il faut l’arracher à la vie par des commandements absolus, par de terribles tyrans.


19.

Revendication : la nouvelle loi doit pouvoir être accomplie — et de son accomplissement doit sortir l’anéantissement et la loi supérieure. Zarathoustra se pose en face de la loi, en supprimant la « loi des lois », la morale.

Les lois considérées comme épines dorsales. Il faut travailler aux lois et en créer, en les exécutant. Jusqu’à présent c’était l’instinct d’esclavage qui faisait obéir aux lois.


20.

La victoire sur soi-même chez Zarathoustra doit servir