Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES SOUTIENS DE L’ORDRE

  • 9*

d u presbytère. 11 passaitpour être sujet à desfringales violen­ tes, qu’il calmait difficilement. Presque aussitôt arrivé, Monseigneur Saint-Eloy s’attabla. L’abbé Picquenet s’excusa de ne pouvoir l’accueillir avec plus deluxe, puis il profita d’une courte absence du vicaire général pour le remercier d’avoir écouté ses doléances et exaucé ses vœux. — Je suistoujours heureux, répondit Monseigneur, de pla­ cer un excellent prêtre dans les conditions les meilleures pour qu’ii accomplissele plus de bien possible. L’heurede la cérémonie approchait. On vint prévenir l’abbé Picquenet que le cortège était à la mairie. Binet y prononçait une allocution brève, qui parutdélicate et distinguée. Le maire compara M,leChristine à une plante gracieuse, et M* de Lar­ mance à un chêne ; lajeune mariée .vivraità son ombre, dans le bonheur. Cette image futjugéeneuve etéloquente. Il termina par un salut l’armée. Quand le cortège pénétra dans l’église, l’harmonium entonna une sorte d’allegro nuptial. La lumière d’un beau jour d’au­ tomne ruisselaitdes vitraux. Le chœur était garni de plantes vertes. M .de La Musardière avait, pourla circonstance, mis au pillage le parc et lesserres du château.Le visage de MUeChris- tine de La Musardière manifestait un grand contentementsous le voile.Mais Lucile,malgré ses efforts à paraître gracieuse, n ’y réussissait pas. Elle donnait le bras à M. du Minas, un cousin des Larmance, qui voulait faire de la politique et parlait dans les patronages. M . du Minas était long, maigre et chauve. M. de La Musardière le tenait en haute estime, depuis deux jours qu’il le connaissait. Il ne lui aurait pas déplu qu’ilrem­ plaçât, dans la mémoire de sa fille le souvenir de Fouilloux. Monseigneur prononça un discours dans lequel il évoqua les fastes des deux familles, et vanta la vertu de Ml,e Christine. Ce lui fut une occasion de comparer le soldat au prêtre : « Iis ont en commun, dit-il, l’amour de la discipline, le respect des hiérarchies et de l’ordre. » De nombreux officiers de Vince assistaient à la cérémonie. L’éclat des uniformes et la sévéritédes habits noirs se mêlaient à la fraîcheur des toilettes féminines. Comme Binet l’avait prévu,Monseigneurcondescendit àpré­ sider ledîner, bien qu’il ne soitpasd’usage que les prêtres et