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MKRCVKK DK FRANC&-16-1-1909 favorables à la secoude voie, vont s’engager dans la première. Les partisans de l’obligation font, en effet, sonner bieu haut la médio­ crité des résultats de l’autre système, et certains de leurs adversaires finissent par se rendre à leurs raisons, comme tout récemment l’ita­ lien Luzzatti; mais eux-mômes se séparent suivant qu’ils prennent pour but la véritable assurance, laquelle implique versements et capi­ talisation, ce qui est le système allemand, ou la pension d ’invalidité et de vieillesse sans versements, ce qui est le mode danois, australien et néo-zélandais. L ’assurance a l’inconvénient de soumettre patrous et ouvriers et même simples contribuables à des charges lourdes, d’immobiliser une énorme quantité de capitaux, et de n’arriver à servir que des retraites assez modestes : i 5o marks en moyenne. Alors qae l ’autre système, dit communément complémentaire, qui accorde une pension aux travailleurs invalides réunissant certaines con­ ditions de moralité (pas de casier judiciaire, pas d’inscription su r les listes des bureaux de bienfaisance) et de pauvreté (revenu inférieur à i5oofr. en moyenne) permet de servir des allocations plus fortes, jusqu’à 800fr. en Nouvelle-Zélande; mais son caractère d’assistance le rend peu sympathique à nos compatriotes. Pourtant il semble que c’est celui que la sagesse conseille, d ’autant que lacarteà payer serait déjà onéreuse : 126 millions si on adopte les bases delà loi danoise, 170 d’aprèsla loi de Victoria, a4&d’après le projet de loi anglais,345 d’après la loi de la Nouvelle-Zélande, 35o d’après laloi des Nouvelles- Galles (le projet d’assurance Guyesse, en discussion, coûterait 4a5 d’après la commission du Sénat). Certains proposent de s’en tenir à ce principe d’aide spontanée en améliorant la loi du i4 juillet 1905 sur l’assistance aux vieillards et incurables, qui coûte déjà une cen­ taine de millions, et sert des pensions de 180 fr. égales à celles de l’Allemagne. Mais ce n’est pas là l’eldorado des retraites ouvrières promises à tous, et puis, que d’inconvénients possibles dans un pays intoxiqué,comme le nôtre, de poïiticianisme,soit par excèsde largesses on l’a vu déjà), soit, ce qui serait pire, par refus injustifiés l En vérité, le problème est ardu. Je me suis demandé parfois si on ne pourrait pas le résoudre simplement, économiquement et équitable­ ment, en partant de l ’obligation alimentaire domestique, et en obser­ vant que plus on a eu d’enfants, moins on a pu économiser et plus par conséquent on a droit à l’aide de la société. La base serait ce que j’ai appelé le sou filial, l’obligation pour tout enfant de donner à chacun de sesparents un sou par jour, soit 18 fr. paran, 36 fr.pour les deux. Ce serait l’Etat qui ferait l’avance de ces sommes et se rembourserait sur les enfants, en accordant des exonérations par­ tielles ou totales à ceux qui seraienteux-mêmes chargés de famille ; il supporterait eu outre la part des enfants décédés et y ajouterait même des progressions de 10 0/0par enfant, de sorte que le père de