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RBVUK DE LA QUINZAINE Nationale, vues qui se résumaient en un idéal de République conser­ vatrice et libérale. C ’était là, déjà,un programme difficile,où l’on ris­ quait d’avoir pour ennemis tout à la fois les Droites et les Gauches, sans qu’on pût espérer trouver le moindre appui chez Mac-Mahon, soumis à ses anciens conseillers royalistes. Telle fut, en effet, la po­ sition du ministère Dufaure, et particulièrement de M. de Marcère. C ’est dans cette situation malaisée entre l’Elysée et les partis que le premier ministère constitutionnel de la République s’efforça d’appli­ quer sa politique dans les questions du temps. M . de Marcère laisse percer l ’attendrissement qu’ il éprouve au souvenirde la vaillante una­ nimité dont ses collègues et lui firent preuve pour fonder un régime de conciliation. Sans fausse modestie, avec un sentiment juste de sa position d’alors, il a marqué l ’importance de son propre rôle. On lira avec intérêt les pages où il expose sa conception politique. Le Seize Mai et l’établissement de la République gambettiste en marquèrent, à droite et à gauche, le double et définitif échec. M . de Marcère voit toujours (page 43),dans l’illusion persistante des droites relativement à une restauration monarchique et dans le refus de coopérer avec les Centres qui en fut la suite,la cause du succès de la politique radicale, Jacobine. Pour être un peu usé, le reproche n’en semble pas moins toujours d§ mise. Cependant, les partis monarchistes n ’avaient sans doute pas les raisons de M. de Marcère, pour croire à la possibilité d’une République conservatrice, et ils craignaient, non pas peut-être à tort, de perdre leur temps en aidant à bâtir sur le sable. M . de Mar­ cère lui-même parle quelque part, dans ses précédents volumes, de cette tolérance un peu indifférente deM. Thiers, qui était toute sa doc­ trine dans la partie haute, directrice du gouvernement, et « tenait la balance égaie entre les partis », moyen juste m ilieu, assez négatif. Or, cette doctrine négative n’est-elle pas le tout d’une République ocnservatrice? Et comment M. de Marcère qui, m algré son zèle pour Thiers, aperçoit et confesse l’insuffisance de celle*là, peut-il croire h la vertu politique, voire même à la simple possibilité de celle-ci? De fait, les réflexions philosophiques de M. de Maroère, qui ne sont pas la partie lamoins instructive de son œuvre,se sentent comme d el’aveu d’une impossibilité sous ce rapport, et cet éminent témoin de nos lattes passées semble avoir fort peu d’optimisme quant à nos luttes futures. La France est une belle symphonie, — désaccordée. Les Préjugés ennemis del’Histoire de France, par L. Dimier. — Après M. Georges de Pascal, dont les Lettres sur VHistoire de France (i) étudiaient nos annales du point de vue du positivismt chrétien, M. L . Dim ier, appliquant la méthode d’un réalisme politique qui déjà avait donné leur intérêt aux (i) Voy. Mercure de France, du îGjanvier 1908.