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lyse découvre principalement une superposition de vibrations simples ou pendulaires, dont la rapidité croît comme la suite des nombres entiers. Un autre timbre est représenté par un autre ensemble ; et les deux, combinés, produisent, suivant la loi du mélange, un certain nombre de timbres différents. De combien ce nombre pourrait être augmenté si, au lieu d’additionner des sommes déjà constituées, on opérait sur les éléments ! On pourrait à volonté faire naître, ou disparaître, renforcer ou diminuer tel ou tel son partiel, que les corps vibrants de la nature ne savent nous donner que d’une manière. On passerait d’un timbre à l’autre par des transitions insensibles, et on en formerait d’entièrement nouveaux : la série des couleurs serait à la fois intrapolée et extrapolée, presque sans limites. L’appareil peut se concevoir sous forme d’une série de diapasons, échelonnés à distance d’une vibration par seconde, ou même moins, et auxquels l’électricité imprimerait un mouvement d’une amplitude et d’une durée déterminées. Peut-être même arriverait-on à se passer des diapasons, qui sont des corps matériels, donc présentent une certaine inertie, et parfois ne donnent pas des sons purs. Quel serait le mobile ? Particules matérielles ? Molécules gazeuses ? Pourrait-on transformer directement en vibrations d’air les périodes d’un courant alternatif, en se passant de la fâcheuse membrane du téléphone ? C’est ce que l’avenir montrera. A coup sûr, on peut supposer qu’on produira à volonté les vibrations pendulaires. En les associant, on obtiendra tous les sons désirables, et la plupart des bruits. En effet, les sons résultent de vibrations périodiques, c’est-à-dire dont les maxima et les minima sont équidistants, les bruits de vibrations quelconques. On obtient toutes les vibrations périodiques, quelle qu’en soit la forme, en superposant des vibrations pendulaires, dont les rapidités soient, comme il vient d’être dit, proportionnelles aux nombres entiers successifs : c’est ce qu’on nomme les sons harmoniques. Très probablement, on obtiendrait la plupart des bruits en superposant des vibrations pendulaires dont les périodes ne suivraient pas cette loi. La musique se compose de sons et de bruits ; ces derniers y tiennent plus de place qu’on ne croit, et nous ne reconnaîtrions plus notre orchestre, s’il y manquait le grincement des archets, le battement des anches, le cri du cuivre. Il n’y a aucune raison pour que le bruit soit