Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

a54 MERCVRE DE FRANCE- i’6-xi-i9o8 A MESSIEURS LES ÉLECTEURS DU 2 e ARRONDISSEMENT DE DUNKEROUE ( i) . Messieurs, Une lutte décisive va s’engager dans la Chambre que vous allez élire ; la France, pleine d’avenir, est comme incertaine devant ses propres destinées ; l’Europe regarde et attend ; elle sait que son sort dépend du nôtre, et que la France est le champ de bataille où la civilisation tout entière perd ou g-agrte ces grandes journées qui déci­ dent de son avenir. Chaque opinion, chaque intérêt du pays et du temps cherche et désigne les champions de sa cause ; soldat obscup, je sors des rangs et je me présente à vous, prêt à combattre pour la vôtre, pour la mienne, pour la sainte cause de la civilisation, de de l’ordre et de la liberté. N’accusez point mon audace quand au homme se sent libre et pur de tout intérêt personnel, quand il voit son pays chancelant entre deux abîmes, le despotisme et l’anarchie, il prend aisément son courage pour de la force ; et, comme ces sol­ dats sans mission qui voyaient chanceler l ’arche d’Israël, son pre­ mier mouvement est d’élever la main pour soutenir aussi notre arche sociale, qui contient les destinées du monde. Mais croyez-le, Mes­ sieurs, dans ce.sentiment même qui le porte à se jeter en avant, il y a peut-être moins de témérité que de patriotisme, moins d’orgueil que de dévouement. Recommandé à vos suffrages par un grand nombre de vos hono­ rables concitoyens, attaché à votre beau pays par les propriétés et le séjour d’une partie de ma famille, indépendant par position comme par caractère, je n’ai rien à demander au pouvoir que de bonnes lois. Je sympathise avec vos généreuses et sages opinions; je ne pourrais trahir aucun des mandats que j ’aurais acceptés. Qu’importe que je ne sois pas né parmi vous, si j ’adopte pour ma patrie politique l’ar­ rondissement qui m’aura choisi pour son représentant, si j ’y viens chaque année ctudier vos convenances, recueillir vos vœux et vos conseils, et si je sais défendre, avec vos intérêts de localité, ces grands intérêts sociaux qui prédominent aujourd’hui : vos droits, vos liber­ tés, vos autels, le sang de vos enfants, votre avenir enfin et celui de la patrie tout entière? Ces intérêts spéciaux à votre pays sont de nature à être facilemenü saisis parla pensée de votre mandataire; ils deviendront les siens, et le soin de-les faire prévaloir sera l’emploi journalier de sa; vie et sa meilleure manière de justifier votre confiance. Mais1on me demande : A quel parti politique appartenez-vous? Sur quel banc vous assiérez.-vous à la. Chambre? Voici ma réponse (i) Ce manifeste a été inséré dans le Temps du a3 juin i83i ; il n’a jamais été réimprimé. Les autres-pièces publiées ici en petit texte sont inédites, et tirées des papiers de Meissonnier.