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372 MERCRVE DE FRANCE— 16-XI-1908 crise constitutionnelle de 1908-1906, alors que le parti de l ’indépen­ dance vient de poser le principe de la langue de commandement hon­ groise et des insignes nationaux. L ’armée, attaquée dans sa forme vieillie et étrangère, est en pleine effervescence : l ’article anonyme, du reste absolument objectif et technique, fait déborder le vase. Les épreuves du compromettant « topo » sont surprises par un jeune « cadet » (élève-officier) d’ origine tchèque, Jean Sedlacek, et le nom du coupable est livré mystérieusement à Schnelter, colonel du régim e n t Un conseil de guerire est réuni, où siège précisément le capitaine Ernest Szilassy, le fiancé d’Elisabeth KaràJy. L ’auteur du libelle, ayant avoué, est condamné et dégradé. C’est ici que nous en sommes au début du premier acte. Etienne Karàdy, le père de la fiancée, a lancé des invitations aussi bien aux officiers, camarades et supérieurs de son futur gendre qu’à ses amis de la ville. Au moment où le rideau se lève, des domestiques sont en train d’apporter des lettres des notabilités civiles, qui s’excusent tous de ne pas venir à la fête. Les vieux amis ne veulent pas s ’asseoir à la même table que les membres d’un Conseil de Guerre qui vient de prononcer un arrêt inique. Sur ces entrefaites, arrive le lieutenant en premier Joas, type intéressant de l’ofticier réfractaire, resté Hon­ grois de cœur sous le dolman. Il aime Elisabeth, et pourtant, c ’est lui qui est venu demander sa main pour le capitaine Ernest, son rival, son adversaire, aussi bien en amour que dans les choses de service. Il est détesté au régiment à cause de son esprit frondeur, de sa li­ berté de langage; ayant dit son avis un peu crûment lors de l ’affaire de l ’article, il vient de purger une forte punition. Et il travaille en ce moment à découvrir l ’officier qui a trahi son malheureux camarade : il soupçonne le « cadet » S edlacek. Le capitaine Ernest arrive enfin. C ’est l’officier modèle, travailleur, zélé, dur au x carottiers, Autrichien de cœur et d’esprit. Sa fiancée lui annonce la désertion de l’élément civil, et il veut courir provoquer toute la ville. Karàdy le retient, et lui dit que s’il se bat avec un seul de ses amis, il ne pourra plus jamais franchir le seuil de la maison. Là-dessus arrivent les officiers et le rideau tombe. Au second acte, Ernest essaye de fléchir K aràdy : le vieux noble tiendra sa parole. A ce moment, on apprend que l’officier dégradés’est tiré un coup de revolver dans la tête, et laisse une veuve et deux en- fa.nts. A l’annonce de cette nouvelle, Ernest pâlit et se trouble. L e frère d ’Elisabeth arrive de la ville, et raconte l ’indignation, la fureur de la population contre les officiers qui viennent de causer la mort d’ un bon patriote. L e Cercle a délégué quelques-uns de ses membres pour demander au colonel Schneller le nom du dénonciateur. L e colonel ayant refusé, le Cercle a pris ses mesures en conséquence : il a blackboulé tout le corps des officiers, a interdit à ses membres de