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REVUE DE LA QUINZAINE 367 Douma aussi bien qu’au Conseil d’Etat. D ’ un autre côté, l’ambassa­ deur de France a la promesse du Président de la Douma de mettre la question à l’ordre du jour dès la rentrée, c’ est-à -dire incessam­ ment. Et comme le délai des trois ans, prévu par les traités de com­ merce avec l’Allemagne, la France et l’Autriche vient d’expirer et que les quatre gouvernements sont d’accord, on espère que tout sera réglé vers la fin de l’année. Nous n’adhérerons pas encore à la Convention de Berne, mais nous aurons des conventions littéraires avec la France, l ’Allem agne et l’A utrich e. ’ Le premier pas, le plus difficile, sera fait. Le reste viendra. Mais dans tous les cas l’anarchie actuelle au ra cessé. E. SÉMÉNOFF. LETTRES.NÉERLANDAISES Frederik van Eeden : Minnestral, Amsterdam, W . Versluy, 1907. ■ — Adama van Sclieltema : De Grondsîagen eener nieuioe Poëzie, Rotterdam, W . L- en J. Brusse, 1908. — Is. Querido : Guy de Maupassant, tiré à part, — Mouvement dramatique : Vondel : Adam ïn Ballinffschap ; Shakespeare : Hamlet, traduit par Jac. van Looy ; Shakespeare : Othello, traduit par Edw. B . Koster ; Heury Bernstein : De Klauw (la Griffe). Dans M in n estral nous retrouvons le réformateur social que je vous montrais n aguère, en quête du despote éclairé dont M. Y an Eeden attend le salut des hommes. Cette fois, Dante et Béatrice viennent à la rescousse. Ils apparaissent (l’auteur nous prévient que c’est six cents ans après leur mort) au petit pâtre Joost, surnommé Va-nu -pieds, et le chargent d’aller chercher le Roi inconnu qui d’une main ferme mènera l’humain troupeau. Le gam in, baptisé désormais Minnestral (ce qui veut dire rayon d ’amour), s ’acquitte à merveille de sa difficile mission. Il s’en va à la ville voisine, entre tout droit dans la maison du puissant et féroce spéculateur Rolland, qu’il n’a jamais vu et dont il ignore même le nom, le distingue sans nulle hésitation de plusieurs autres messieurs présents et le proclame Roi. Le ban­ quier aussitôt croit à son rôle de tyran-libérateur et de bonne grâce accepte la royauté. Donc, voilà la délivrance de l ’humanité prochai­ ne. En attendant, le pauvre Minnestral meurt assassiné par les enne­ mis du despote, ses créatures de naguère. A la lecture, la valeur dramatique de Minnestral m’a paru assez mince. Les personnages ne sont pas devenus des hommes vivants ; ils me font l’effet d’automates clamant de leur voix enrouée les idées sociales, passablement troubles, de M. V an Eeden, chaque fois qu ’il plaît à celui-ci de tourner la manivelle. Quant à la valeur litté­ raire, artistique, elle ne pèse pas très lourd non plus, le zélateur anti-parasite ayant, cette fois, quelque peu tordu le cou à l ’artiste. Il y a de jolis vers encore, surtout dans les indications scéniques, qui