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REVUE DE LA QUINZAINE amoureux ou nostalgique. L a mer est toute proche et Ton distingue,, à travers les rimes, l ’écho de sa chanson ; mais cete fois c’est l’île- natale et le rêve jailli de ses contours qui fournissent le thème. Ce- poète est gracieux, aérien et pur ; c’est un Hellène de bonne race, aux yeux tournés vers l ’Ionie de Solomos. En Sotiri Skipis, il faut saluer un vrai lyrique ; il y a dans son verbe une force qui dénote chez le poète la présence du sang1 épirote. Autant que l ’auteur justement applaudi d’Argô, dont le talent s’apparie à celui d’un Swinburne, il n’ignore rien des secrets de l ’art ; mais chez lui, l ’émotion est plus intérieure, plus musicale et moins directement visuelle. Hermonas est plus divers ayant beau­ coup vu et lu; Skipis est plus concentré,et son vers est comme une eau qui coule au flanc d ’une montagne pour se précipiter dans la mer. Son nouveau recueil, Le g ra n d Souffle, justifie réellement son titre : en ces poèmes passent tous les grands souffles de la vie. Le Chant de l’Etranger, Le Nostalgique, Le Chant du malade, ont une profondeur d’émotion que les poètes néo-grecs, depuis Kalvos, ont rarement atteinte. Et quelle souplesse lyrique dans la Chevelure de Bérénice, dans les Rythmes des Larmes I Skipis est l’un des premiers qui aient réussi, dans la lan gu e moderne, à retrou­ ver la force et la beauté de l ’antique, tout en conservant quelque chose d’ autre, quelque chose d’ un peu romantique aussi, au m eilleur sens du mot. De la musique et du songe avec je ne sais quoi d’éper- dûm ent religieu x et passionné ; voilà sa caractéristique. Menento. — A la scène : L’Hirondelle, Maria Penlayotissa du très délicat et fervent artiste qu’est Paulos Nirvanas, Photini Sandri de Gré­ goire Xenopoulos, les Pelrocharides de Pandélis Horn, f Emancipée de Papazophiropoulos, une pièce de Christomanos témoignent d’efforts sou­ tenus en vue de créer un théâtre national. Nous avons dit les mérites de VEmancipée, que nous avons goûtée, en volume et dont le succès s’est affirmé à la représentation ; mais nous avons foi dans un art essentielle­ ment grec, tel qu’il parait s’ébaucher en la structure d’une Maria Pen~ tayotissa, par exemple, que nous attendrons toutefois de lire pour la jug e r définitivement. Reçu Callirkoé, d’Achille Caravias, Nuits, d’Irène l’Athénienne et de beaux vers d’Hélène Lamari. Nous en rendrons compte, ainsi que des vail­ lantes revues : Panathinaea, Néa Zoi Pinacothifci, le Noumas, etc. DÉMÉTRIUS ASTÉRIOTIS. LETTRES RUSSES La Convention littéraire. — llya peu d ’années encore,, rares étaient les voix qui se levaient en Russie en faveur d’une con­ vention littéraire avec n ’importequel paysétranger. L a convention avec