REVUE DE LA QUINZAINE d’Algésiras, Le congrès a été unanime « pour formuler la convic tion qu’une politique marocaine vigilante, habile à profiter de toutes les circonstances, assurera seule Tavenir de notre empire africain », Cette formule n’est pas compromettante et a dû faire sourire, s’ils l’ont connue, MM. Oppenheim, Rosen et consorts. te Habile à profiter de toutes les circonstances I » Il faut retenir ceci. La façon impromptue, mais non pas imprévue, dont l’Autriche, en s’annexant la Bosnie et 1*Herzégovine, a déchiré Pacte de Berlin, a fait naître des désirs d ’initiative dans l ’âme des partisans de la conquête marocaine. Pauvre acte d ’Algésiras si laborieusement établi, le voici déjà m enacé! Ceci, c ’est l ’optimisme. L e Courrier Européen nous rappelle à une conception plus voisine du fait en pre nant Tinitiative d’une vaste pétition au Parlement sur le P rix de revient de la politique marocaine. Je ne sais si les pétition naires obtiendront du gouvernement rétablissem ent des dépenses de toute nature, sans aucune réserve, causées par la politique maro caine. Ce total, en tout cas, doit être considérable et on n ’aura pas grancPpeine à démontrer que les résultats obtenus à ce jo ur sont loin d ’être en rapport avec les sacrifices consentis. Memento. — Dans les Questions diplomatiques et coloniales du 16 octo bre, M. H . Marchand, moins optimiste que M. René Millet, dans un article intitulé la Turquie nouvelle et VIslam , se préoccupant de la répercussion possible du mouvement des Balkhans sur nos possessions africaines, se demande « si le geste de l’Autriche, et à un moindre degré peut-être celui de la B ulgarie, ne vont pas provoquer brusquement un de ces mouvements de fond qui agitent le monde islamique lorsque les apparences donnent quel que crédit à la légende d’une croisade moderne contre le Croissant, et si... on ne serait point fondé à prévoir, en certaines parties du domaine confes sionnel de l ’Islam, des agitations plus ou moins localisées, une réaction du sentiment religieux froissé... ». Dans le Bulletin du Comité de VAfriquefrançaise^ M. Auguste Terrier, parlant de notre action en M au ritanie, déclare : a Necherchons point la diffé rence entre « l’opération de police » projetée et la et reconnaissance» ou « ex pédition » dont le nom effraierait sans doute les timidités du parlement. Le ministère des Colonies a >aison d’agir contre les Maures de l’Adrar. Mais il faut bien espérer que l ’effort qu’il a ordonné ne sera p oint seulem ent une action momentanée et que la sécurité et la tranquillité de la Mauritanie seront définitivement assurées. » Ceci c ’est le point de vu e conquête : attendons les événements. La Dépêche coloniale, sous la plume de M. A . de Almada Negreiros, conte une amusante histoire intitulée le chocolat a nglais et Vesclavage portugais et dont le sujet est la croisade anti-esclavagiste d’un sieur Cad- bury, sujet anglais, chocolatier de Bournville, qui va enquêter sur la situa tion des Noirs dans les plantations de San Thomé. M. de Negreiros, non sans raison, renvoie M. Cadbury aux révélations du Bulletin de législation comparée de Bruxelles relatives à l’esclavage qui subsiste dans quelques- 21
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