3i4 MERCVRE DE FRANCE— i6-xi-igo8 mentale qui se trouve posé là. Est-il résolu, et dans le sens que désire M. G . Dwelshauvers?Il faudrait pour cela que soient reconnus vala bles ses argum ents. Or, cette légitimité semble difficile à admettre, au moins en ce qui concerne certains d’entre eux. Que penser de l’affirm ation suivante : Notre conscience réfléchie change essentiellement les conditions des actes, si Ton compare ces conditions à celle des faits physiques. Entre Faction et la réaction il n’y a pas équivalence dans la vie mentale : une excitation minime peut déchaîner une explosion de passion, et inversement notre force de caractère peut nous aider à résister aux sollicitations les plus énergiques. C’est réduire, on le voit, les conditions des faits physiques à une simplicité bien rarement observable. A u fond, la différence que croit constater M. G . Dw elshauvers serait en contradiction avec les plus nombreuses applications de la loi de conservation de l ’énergie. Dans la vie physique, également, « une excitation minime peut déchaîner une explosion ...» ; le manque d’équivalence entre l’action et la réaction, dans ce cas, n ’est qu’apparent; et il ne viendra à Tesprit de personne de s’étonner qu’une amorce de fulminate, inoffensive si elle éclate dans un pistolet d enfant, puisse, en détonant au sein d’une gargousse de poudre B ou d ’une caisse de dynamite, produire une catastrophe! Et « inversement » quelques millimètres de gutta et de paraffine suffisent pour empêcher un courant des « plus éner giques » de nous électrocuter. Selon cet auteur, il y aurait encore une autre différence entre le fait mental et le phénomène, en ce que toute prévision, en psycholo gie , est impossible : Même en connaissant très bien la manière de sentir et de penser d’un ami, après l’avoir suivi longtemps dans ses actes, je ne puis dire avec cer titude comment il agira demain. Il sera placé dans les mêmes conditions objectives : peut-être agira-t -il d’une façon très inattendue. Il est assez surprenant de voir formuler sérieusement des objec tions de ce g en re, les conditions hypothétiques d ’ une telle expé rience — il sera placé dans les mêmes conditions objectives — étantjpar définition, actuellement irréalisables. Ce qui demeureexact, c’est que demain apportant un élément nouveau, différent, toute prévision est impossible. Mais il en est de même, dans les sciences physiques, et à Fégard de phénomènes beaucoup plas grossiers. Un chimiste connaissant très bien les propriétés d’ un métal se refusera à prévoir comment il agira si je lui incorpore, même en faibles pro portions, un élément nouveau, témoin les longs et coûteux essais auxquels ont dû procéder les usines métallurgiques, lors de la fabri cation d’aciers nouveaux, aciers chromés, etc...
Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/128
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