MERCVRE DE FRANCE— i6-xi-igo8 ces <f systèmes vivants, quel que soit leur degré de complexité et de durée » auxquels donnent lieu par leur composition les « forces psychologiques primaires » et auxquels sont applicables « les notions d’association et de dissociation, d ’affinité et d’incompatibilité, d ’assi milation et de désassimilation, d ’évolution », soit presque tout le dynamisme mental. Il devient alors fort simple d’enlever, lorsque les nécessités de l ’argumentation l ’exigent, l ’inclination’ à la vie pure ment sentimentale, et de concevoir, sous le nom d’inclination inémo tive, ce qu’on eût appelé sans cela une tendance motrice, sans ton affectif, située par conséquent dans le domaine intellectuel ou pure ment moteur. Cette façon de voir qui permet de jouer sur l ’équivo que sentimentale créée par le terme inclination, conservé en dépit de la disparition de tout élément affectif, amène également M. G . Revault d’Allonnes à nous proposer d ’admettre l ’existence d’une mimique émotionnelle, inémotive. Ce n’est pas que l ’on ne puisse concevoir un relatif degré d’indépendance entre la mimique et l’émo tion : l ’exemple de certains acteurs, l ’existence même d’un code m on dain attestent le réalité d’ une dissociation partielle de la mimique et de l’émotion. Etait-il besoin, pour l ’expliquer, de recourir à l’hypo thèse psychologique de la persistance d’ une inclination, devenue . inémotive, hypothèse qui, selon M .G . R evau lt d’Allonnes, trouverait une confirmation physiologique dans les expériences de Bechterew et de Sherrington (1), ainsi que dans l ’observation de la malade Alexandrine ? Nous ne pouvons entrer dans le détail d’une discussion de ce gen re qui, à elle seule, occupe environ la moitié du livre. Toutefois, il n ’est pasindifférent de noter une objection deM . Piéron adressée à l’auteur et attirant son attention sur la possibilité d’un siège sous-cortical de l ’émotion (noyau caudé), hypothèse appuyée sur les expériences de Pagano, et le fait psychologique que l ’émotion soustraite en général à la volonté par rapport aux autres phénomènes psychiques prend par là « un caractère inférieur » qui rendrait vraisemblable sa localisation dans les ganglio ns basilaires. Cette objection, M. G . Revault d ’Allonnes ne semble pas l ’avoir heureusement combattue en continuant à recourir à une « inclination consciente capable de subsister et d’a gir en l ’absence de l ’émotion proprement dite » et en répondant que : ... Jamais un centre particulier n’est conscient, psychique, sensible sub- (i) Il s’agit d’animaux continuant à donner des manifestations de crainte, de satisfaction, etc., bien que privés, les uns (expériences de Bechterew) de l ’écorce cérébrale, les autres (expériences de Sherrington) de toute sensibilité et de toute connexion avec les centres nerveux nécessaires à la réaction consciente, sauf pour la tête, une partie des membres antérieurs, et le diaphragme, apesthésie obtenue par transection delà moelle et des nerfs vagues.
Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/126
Cette page n’a pas encore été corrigée