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74 MERCURE DE FRANCE,
l’ouvrage dont il vient de faire paraître les deux premières parties.
« C’est par la guerre, dit l’auteur, que Buonaparte s’est élevé ;
« c’est par la guerre qu’il a régné, et c’est par la guerre qu’il est
« tombé. Il tenait tout de cet horrible fléau, il a tout fait, tout
« sacrifié pour le perpétuer. C’est donc sous le rapport de la guerre,
« que l’on doit surtout le considérer, si l’on veut bien connaître
« les causes et les effets de sa puissance ».


C’est sur les premières campagnes d’Italie et sur celles d’Égypte que l’historien appelle d’abord notre attention. Suivant sa remarque judicieuse, elles ne nous sont guères connues encore que par les rapporrs officiels de Buonaparte, et assez d’exemples nous ont appris quelle confiance méritent ces bulletins, qui sont passés en proverbe comme la foi punique. On sait trop aussi que la manie belliqueuse du grand homme nous a laissé bien peu de témoins oculaires de ses premières campagnes. Un de ses généraux assurait qu’un soldat ne devait guères durer plus de quatre ans, et Napoléon aurait pu trouver l’évaluation un peu exagérée. A cette difficulté d’obtenir des renseignemens positifs, ajoutons celle que doivent produire les nuages dont la vérité a été couverte par les prétendues relations publiées sous la domination du vainqueur, et qui ne pouvaient être que le commentaire de ses rapports, on sentira combien il était nécessaire qu’une plume impartiale vint enfin renverser l’édifice de l’imposture, décrire nos triomphes sans nous cacher les sacrifices, et montrer comment le courage des soldats avait presque toujours réparé les erreurs de leur chef.

Une modestie louable n’a point permis cependant à M. de Villette de donner le nom d'histoire à cet important ouvrage. Convaincu que l’histoire ne peut être écrite par les contemporains, il s’est borné au titre de Tableau. Je vais essayer de saisir les principaux traits de celui qu’il nous présente.

Après avoir retracé rapidement le début brillant de Buonaparte dans la carrière des armes au siége de Toulon, et sa coupable et honteuse victoire du 13 vendémiaire contre les habitans de Paris, l’auteur nous le montre élevé à de plus hautes destinées et général