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vous prie, Monsieur, de m’expédier, car on m’a dit que vous étiez fort obligeant. Crébillon prend le papier avec son aménité ordinaire, le met à son aise autant qu’il est possible, & lui fait la même interrogation. — De quel pays êtes-vous, Monsieur ? — Des environs de Rouen. — C’est bon, Monsieur ; dans trois jours j’aurai approuvé votre manuscrit. Il le reconduit, l’aide à retrouver son parasol. La porte ne semble pas être assez large pour la sortie du poète, car il donne à gauche, fait un faux pas sur le palier, & tombe à la première marche. Il avoit repoussé quatre ou cinq fois son censeur avec la main, & le tout par civilité normande. La porte enfin se referme.

Quel lourdaud ! m’écriai-je ; & cela écrit ! — Eh bien, me dit Crébillon, vous l’avez vu, vous l’avez entendu, ou plutôt vous n’avez rien entendu. Voulez-vous gager avec moi que son œuvre n’est pas sans mérite ? — Oh ! oh ! vous le connoissez donc ? — Pas plus que l’autre ; je ne l’ai