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L’affaire du comte de Morangiés, (si fameuse par les plaidoyers de Linguet, & surtout par son issue) véridiquement détaillée, mettroit peut-être dans un jour éclatant de quelles sources illustres découle souvent l’usure qui ravage la capitale.

Les Parisiens, dit le proverbe, mangent le pain blanc avant le pain bis. Les jeunes gens, maîtres de trop bonne heure de leur fortune, prennent leurs fantaisies pour des besoins, & ils ne se réveillent de cette folie que dans l’âge où l’on est incapable de réparer le vuide.

C’est à eux sur-tout que les usuriers s’attachent. Je ne parle pas ici de cette foule de mercenaires qui prêtent à la petite semaine ; ceux-ci sont souvent moins âpres, moins barbares ; d’ailleurs, ils sont pauvres. Mais je parle de ces riches qui s’étudient encore à dépouiller ceux qui entrent dans le monde, qui mettent à profit leurs foiblesses & leur inexpérience, & qui jouissent de leurs larcins, par des contrats passés devant notaires. Comment les qualifier ? On dit néanmoins, mon-