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ces arts consolateurs, ces vaisseaux qui couvrent les mers, ces agriculteurs qui ont défriché les terres, ces loix sages, cette police, qui fondent ta tranquillité, qui t’assurent la propriété du trésor que tu couves des yeux, tout porte l’empreinte d’un génie bienfaisant, qui a étendu ses vues dans l’avenir, qui ne s’est point borné à des commodités personnelles & passageres, qui a embrassé dans une prévoyance généreuse les êtres qui dormoient encore dans la nuit du néant ; & lorsqu’avançant dans l’âge & participant à des siecles de travaux accumulés & de combinaisons infinies, tu jouis des agrémens de la société perfectionnée, lâche ! tu croirois être quitte envers elle, en te déclarant un personnage opulent & isolé ; tu rapporterois tout à toi sans honte & sans pudeur, tu croirois pouvoir disposer ton or à la volonté, pour satisfaire tes vains caprices & tes folles fantaisies ; tu ne feras rien d’utile, rien de grand !… Tu me fais horreur : la froideur annonce une corruption profonde, & le dernier degré