Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 65 )

vertus ; on te tiendra compte de chaque acte de bienfaisance, la renommée enfin les publiera.

En voyant des heureux, tu verras tes semblables, & tu ne seras point tenté de les haïr. Tu auras le loisir des études, & la facilité de pénétrer l’enceinte des arts.

Tu peux donner, car tu possedes ; & quand tu mourras, en voyant tes rejetons t’environner, tu seras débarrassé d’une vive inquiétude ; tu sauras que tu leur laisses dequoi satisfaire les besoins de la vie, & la vue du contraire est le ver rongeur qui fait que le pauvre gémit de mourir, & n’ose regarder ses enfans avant d’expirer.

Homme riche, que tu es heureux ! tu peux essuyer des larmes. Un peu de cet or superflu, en passant de tes mains dans celles de ce malheureux, va changer de prix & de nom ; il s’appellera bienfait. Antoine, après sa défaite, s’écria : Je n’ai plus rien dans l’univers que ce que j’ai donné.

Ce château superbe ne flattera qu’une fois