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vingt-cinq ans ; & c’est en cela que la pauvreté de la tragédie françoise se manifeste. Elle n’est point avertie de sa foiblesse, parce qu’elle croit remplacer par une vaine élégance toutes les richesses de l’art & de la nature.

Il n’y a qu’une bonne poétique, c’est celle qui enseigne à jeter au feu toutes ces feuilles, où des juges transcendans & des législateurs suprêmes, s’érigeant en hommes de goût par excellence, vous disent à Paris ce qu’il faut penser de tout ouvrage littéraire composé chez les nations voisines, dont ils n’entendent seulement pas la langue.

Le critique de nos jours n’est plus qu’un satyrique. Mais voyez-vous cet insecte ailé, qui tourbillonne autour d’un flambeau ? C’est l’image d’un folliculaire, qui fait cent tours & qui finit par être écrasé d’un coup de mouchette.

La critique en littérature est la chose du monde la plus inutile. L’ouvrage qu’on examine est imprimé ; les fautes sont commises,