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réflexions neuves ; on y concentre toujours l’art dans la seule maniere de Corneille & de Racine, & l’on se dispense d’aller au-delà. La petite théorie des auteurs convient merveilleusement à leur pratique.

Qui voudroit acheter tout ce qui s’est dit depuis cent ans sur l’art dramatique, composeroit une bibliothèque immense & inutile. Je crois que la postérité rira bien de cette idolâtrie, qui a saisi toute une nation, pour des tragédies bizarres, & qui la fait tourner servilement dans le même cercle, toute excursion lui paroissant chimérique & insensée.

On a vu passer sous les yeux de tant d’aristarques cinq à six cents tragédies, qui ont absolument la même physionomie, toutes pâles & sans expression, parce que le souffle du génie ne les a point vivifiées. La forme, la coupe des scenes, le rang des personnages, la diction rimée, tout est uniforme & fastidieux. À quoi servent les aristarques ?

La même piece a été retournée tous les