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à des brillans qui ne donnent point la beauté ?

Que le pytre & le grand-sancy, appartiennent à la couronne, qu’ils rivalisent avec le diamant du grand-Mogol, avec celui du grand-duc de Toscane, ce sont là jeux de princes ; mais que des hommes sensés consacrent en bagues, en pendeloques, en bracelets, ce qui suffiroit à l’entretien des enfans, à la nourriture des pauvres, n’est-ce point une honte, un crime au tribunal de l’humanité ?

Ce délire de l’opulence n’est plus toutefois aussi vif qu’il l’étoit jadis. Le lapidaire ne vend plus ces petites pierres au prix excessif où la concurrence les avoit fait monter. Ce luxe avili, pour ainsi dire, par nos courtisannes, commence à tomber.

Crésus, revêtu de ses habits royaux & tout couvert de pierreries, demanda à Solon, s’il avoit jamais vu une pompe si belle. Oui, dit le philosophe, je trouve un paon vêtu plus magnifiquement que vous ; sa beauté est naturelle, & vous ne brillez que d’un éclat emprunté.