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postérité sans doute aura peine à croire.

Il falloit tout uniment laisser faire Jeannot, dont la réputation commençoit à poindre. Jeannot fut le vrai successeur de Voltaire ; Jeannot tout seul eût appaisé la fermentation, & rétabli l’équilibre dans tous les esprits.

Trois mois après le triomphe de Voltaire, le Parisien oubliant les trente-neuf académiciens qui restoient, accueillit ce Jeannot avec le même enthousiasme. Il représentoit dans une farce qui, plus heureuse qu’Irene, n’eut depuis que cinq cents représentations. L’idiôme de la derniere classe du peuple s’y trouvoit exprimé au naturel ; & le jeu naïf de l’acteur, son accent sûr, formoient un tableau qui, dans sa bassesse, avoit un mérite extrêmement rare sur la scene françoise : la parfaite vérité.

Pourquoi n’a-t-on pas enterré Voltaire ? Cette question a été bien vîte étouffée, par ces mots plus fameux encore : c’en est, ce n’en est pas ; tirés de la parade dont je viens de parler.