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route. On vit pour la premiere fois un mort prendre la poste pour se faire enterrer. Après le couronnement, on redoutait la solemnité du convoi ; la foule des assistans n’eût pas manqué d’observer le cercueil de Voltaire, environné de prêtres catholiques, portant un cierge béni, & disant la messe sur son corps pour le repos de son ame. On ne voulut pas de cette seconde représentation.

Soit qu’on se fût repenti d’avoir permis le bizarre couronnement, soit toute autre raison, on poussa tout-à-coup la sévérité jusqu’à interdire aux journaux l’annonce de sa mort. On ne vouloit pas qu’il fût dit qu’il avoit rendu les derniers soupirs dans la capitale, lieu de sa naissance. La même défense s’étendit sur J. J. Rousseau, lorsqu’il décéda à Ermenonville, deux mois après Voltaire. La célébrité de ces deux hommes, dont les noms étoient universellement connus, & la rumeur que leur décès occasionna, piquerent sans doute l’orgueil des rangs, puisqu’il eut recours à des moyens aussi petits, & que la