Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 34 )

idées. Le quarré du parterre, voilà ce qui l’intéressoit le plus dans l’immense capitale, absolument changée depuis son départ. Il n’y vit rien, ne songea à y rien voir ; il n’y vécut que pour des comédiens, qu’il fatiguoit en voulant leur donner des leçons de déclamation.

Les visites & les louanges, auxquelles son amour-propre voulut riposter, userent bientôt ses forces ; sa carriere fut abrégée par ses bons amis, & l’apothéose tua le poëte.

Ce fameux couronnement ne fut qu’une farce aux yeux des gens sensés. Qui posa ces couronnes de laurier sur le buste, en face de l’original ? Des mains d’actrices & de comédiens. Une comédienne soubrette s’émancipa même jusqu’à caresser & flatter de la main en plein théatre le buste triomphant de l’auteur ; mais le public, qui s’étoit imaginé qu’on vouloir persécuter son poëte, redoubloit d’enthousiasme, comme pour le prendre sous sa protection ; & cet enthousiasme ne lui permit pas de voir ce que cette facétie avoir d’incohérent & d’étrange.