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tout ce qu’on dit de part & d’autre s’en ressent.

Cet accès banal a engendré les lettres de recommandation, demandées, obtenues avec une si dangereuse facilité, où l’ostentation sert le plus souvent la bassesse, & où l’on a la témérité de parler du caractere d’un homme qu’on n’a point étudié, & qu’on offre sur le rapport d’autrui. On ne se permettroit point cette légereté, s’il s’agissoit d’un cheval ; & l’on envoie à tout hasard un homme de confiance, comme si l’on ne cherchoit qu’à se débarrasser d’un importun.

L’homme en place est obligé de donner un accès libre à beaucoup de personnes ; il se plaint de cette gêne. Pourquoi des gens à qui leur état n’en fait pas un devoir, se l’imposent-ils volontairement ? C’est par air. Une femme n’est contente que lorsqu’elle a reçu toute la ville ; quand elle voit beaucoup de visiteurs, elle dit tout bas à sa voisine : mon sallon est bien meublé.