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& dont les pas ne signifieroient rien. On étoit loin d’appercevoir, même en spéculation, que la danse pût former une peinture mobile, gracieuse, animée, créer des tableaux, les varier à son gré, & s’élever jusqu’à rendre les passions humaines.

Elles sont cependant d’autant plus expressives, que leur langage est plus contraint & plus resserré. Le silence de la pantomime, loin de rien dérober à leur finesse & à leur énergie, semble y ajouter par les gestes & les mouvemens ingénieux & prompts qu’elles inventent. Dans cette action muette, la gêne paroît allumer l’éloquence. Chez les hommes alors tout devient langue & langage énergique ; le pied parle comme l’œil ; le sentiment se peint dans les moindres nuances ; l’ame s’échappe par toutes les attitudes du corps ; tout est réfléchi, décisif, pittoresque ; tout frappe l’image & la caractérise ; elle n’est ni fausse ni équivoque.

Eh ! quel plaisir de voir tel mouvement, rapide & fugitif comme l’éclair, qui rend