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CHAPITRE DCLII.

Poëmes lyriques.


Cest bien à tort qu’on a voulu rétrécir le genre de l’opéra, lequel, étant par sa nature le spectacle de l’imagination, n’est point fait pour recevoir des limites. La magie, la mythologie, l’histoire, tout lui appartient. Le pays de l’illusion ne sauroit être trop vaste, parce que cette reine fantastique ne vit & ne se plaît qu’au milieu d’une magnificence prodigue & merveilleuse. Vouloir borner l’espace immense où elle plane, c’est l’anéantir. Elle ne souffrira jamais qu’on trace un cercle autour d’elle.

Aussi dès que le poëte a fait pacte avec la brillante chimere, il est, pour ainsi dire, livré à cet agent surnaturel, qui a droit de lui commander despotiquement. Il faut qu’il monte aux cieux, qu’il descende aux enfers, qu’il visite les dieux & les diables, les temples de