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paravant. Elles veulent entendre ce qui se lira à l’académie ; car les femmes, tout en menant la vie la plus dissipée, prétendent à juger la littérature, même en dernier ressort.

Le lecteur a toujours soin de glisser dans sa composition quelque chose de flatteur pour elles. Mais la phrase du bel-esprit-galant sent le placage.

Les femmes de qualité, mêlées ce jour-là avec tous les beaux-esprits accourus en foule, assiegent l’académie & se passent de dîner. Il y a peu de place, parce que le local est étroit. Tant mieux, les académiciens qui se souviennent d’avoir prêché dans le désert, ne renonceront pas à ce qu’on dise dans le monde : On ne sauroit entrer à l’académie. Plus on se plaint, plus ils jouissent. On lit des vers, on lit de la prose, & les juges orgueilleux sont jugés à leur tour.

Si le plafond s’abymoit ce jour-là, il n’y auroit plus d’écrivains à Paris. Adieu la race bruyante des beaux-esprits. Si un barbare, ennemi des lettres vouloit faire une Saint-