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causes & en indiquer les remedes, ne seroit pas une petite affaire. Toutes les déclamations morales, ou de mauvaises comédies, ne feront pas faire un mariage de plus.

Il faudroit réformer le vice qui établit un mur de séparation entre deux êtres que la nature appelle, & qui se fuient dans la crainte d’augmenter la pesanteur de leur chaîne.

La nature elle-même a donné à l’homme la prévoyance, & l’homme frémit en appercevant l’association forcée du luxe & de la misere. Il voit naître des enfans, dont tous les cris peut-être seront des cris de besoin, & qui sont mieux dans le néant que sur le plancher d’une ville, où ils n’auront à leur avénement au monde pas un pouce de terre.

Le lait nourricier leur manquera, s’il n’est arrhé ; & s’ils parviennent à un certain âge, ce ne sera le plus souvent que pour être les serviteurs précaires de la portion opulente.

C’est ainsi que le célibataire raisonne son systême ; mais pour éviter un danger, il embrasse un vice. Il est seul, son cœur se durcit