Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 230 )

leur envoie sa voiture deux fois par semaine, tandis que les incivils maris, toujours bêtement affairés, font trotter ailleurs les chevaux[1]. C’est donc un homme précieux qu’un garçon qui a voiture ; il est le lien de toutes les parties de campagne ; on prend tour-à-tour, mais séparément & pour cause, ses chevaux & sa personne. Aussi les femmes, depuis l’inattention des maris, ont-elles adopté le systême de ne plus regarder tout garçon qui n’a pas une voiture ; & tout considéré, elles ont raison.

Et comment une femme pourroit-elle exister sans chevaux ? Ne faut-il pas dans l’espace de douze heures avoir vu l’opéra, la revue, la foire ; avoir assisté au bal, au pharaon ? Puis il lui est aussi impossible de manquer l’audience du ministre, que la danse du

  1. Un grand sujet de débat à Paris entre mari & femme du plus haut parage, c’est l’emploi journalier des chevaux. Je m’étonne qu’on n’en ait pas encore fait une comédie.