Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 21 )

breux, que quelques libertins & plusieurs femmes prostituées ont souvent fait prendre une inspection avant que d’être attaqués d’aucun mal. Eh bien, moralistes, que direz-vous de ce trait ? Pesez-le, & puis montez en chaire.

Quelques peres de familles, aux froides remontrances des directeurs, aux sermons des prédicateurs, aux menaces de l’enfer, ont substitué tout à coup le spectacle répugnant du lieu où l’on traite les malheureux de l’un & de l’autre sexe, dans le pitoyable & déshonorant état de leurs honteuses maladies ; ils y ont conduit leurs enfans, dont les passions étoient trop vives ; ils ont attaché leurs regards sur ces écueils du jeune âge, pour modérer, s’il étoit possible, les fougues de leur tempérament. Ce moyen extrême a quelquefois réussi.

Eh ! qui traverseroit sans frémir la file de ces lits douloureux, où siegent des figures pâles & plombées ? La douleur leur commande une attitude presqu’immobile : tout