Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VIII, 1783.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 19 )

On n’admet à-la-fois que cinquante femmes & autant d’hommes, à moins qu’on ne soit obligé, par la gravité des symptômes appellant des secours urgens, d’augmenter ce nombre. Il est bien petit pour le troupeau gangrené qui se presse en foule à la porte. Ces malheureux sont réduits à périr, ou plutôt à tomber en lambeaux par le cruel & invisible vautour qui ne cesse de les ronger ; leurs symptômes s’aggravent, deviennent effrayans ; l’œil recule épouvanté, & leur guérison devient plus difficile.

Que ceux qui ont dit que ce fléau avoit perdu de sa rage, qu’il n’offroit plus les horribles plaies qu’il étaloit lorsqu’il vint épouvanter l’Europe, que l’art avoir su enchaîner ce poison affreux & dévorant, viennent contempler les victimes de l’erreur, du tempérament ou du libertinage.

C’est ici que l’implacable Arimane a raffiné son génie mal-faisant. Il lui étoit impossible d’attaque l’espece humaine d’une maniere plus hideuse & plus cruelle : & c’est l’attrait