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cours ; il méprise la trop grande foule de ces hommes inutiles qui disent servir les autels ; il marque du doigt les narcisses, les tyrans de la pensée, & ceux qui prennent le masque de la religion pour la déshonorer ; & ce qui augmente la force légitime de cette philosophie, qui étincele d’un bout de l’Europe à l’autre, c’est que les connoissances des écrivains sont détaillées aujourd’hui à l’usage de tous les individus de la société.

Mais les Parisiens, gâtés par tant d’écrivains efféminés livrés à leurs misérables journaux & aux prononcés académiques, sont encore presque tous esclaves des mots. On ne demande aujourd’hui que des termes doux, coulans, de la grace & de la mollesse dans la langue, comme s’il s’agissoit de mettre en chant toutes les phrases de la langue. Telle est l’ame d’un écrivain, tel est son idiôme.

On devroit rappeller plutôt les mots hors d’usage ; on devroit même en inventer. Les idées dans chaque genre étant prodigieusement accumulées, il faudroit étendre la lan-