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peut que l’attiser & lui donner un éclat plus vif & plus brillant. Si l’on étouffe une voix, vingt autres toutes prêtes réclameront plus hautement les droits de l’homme. Les dominateurs des nations n’ont plus d’autre parti à prendre, que celui d’être justes & modérés. S’ils ne le sont pas, ils verront de leur vivant leurs iniquités gravées sur des tables d’airain. Que fait leur tonnerre ? Il écrase, il tue. La foudre de l’écrivain vertueux laisse la vie, & la dévoue à la honte & à l’indignation publique. D’un bout de l’univers à l’autre la vérité s’écriera : tel homme est un oppresseur & l’ennemi des hommes ! Alors les syllabes qui composent son nom, seront une injure. Dès qu’il sera prononcé, en toute langue, ce nom rendra un son odieux.

L’homme a connu ses droits. Le regne du mensonge est passé. L’homme sait honorer aujourd’hui le laboureur, le commerçant, le naturaliste, le chantre de la vertu ; tout ce qui forme enfin & ce qui embellit la société. Il déteste l’oisif adulateur, habitant des