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surveillé ; car le pain est en France le principal aliment du pauvre dans les grandes villes, & il compose à la campagne presque sa seule nourriture. Or qui dit le pauvre, dit la moitié de la nation.

Quand je songe aux huit ou neuf cents mille ames qui peuplent la capitale, & que je tiens des pommes de terre, je ne puis plus les quitter. Les économistes ne les aiment pas ; elles dérangent un peu leur systême. Les pommes de terre, réunissant toutes les propriétés alimentaires, sont susceptibles d’une infinité de préparations & peuvent remplacer les gruaux, la semoule, le salep, le sagou. Quelles ressources ouvertes pour la misere !

Ces végétaux, à ce qu’il paroît, sont tous doués des propriétés nutritives qu’on n’attribuoit ci-devant qu’au froment. Il n’existe point de végétal ni même de partie végétale qui ne recele une substance propre à la nourriture de l’homme, quand l’art aura su l’extraire ; & cet art est bien moins compliqué que celui de faire du pain.